mercredi 8 octobre 2008

CHAPITRE 3 « BELLE FRANCE DE LA REPUBLIQUE » (4/5)


Ils continuèrent après cela à discuter pendant un certain temps, jusqu’au moment où les sucettes et autres friandises leur vinrent à manquer. Ce fut le moment où ils retournèrent se coucher après avoir saluer respectueusement Constitutionnix.

Constitutionnix décide lui de rester encore quelques instants tout seul, pensant à la beauté de Belle France de la république.

Puis il se retire pour tenter de dormir un peu. Un échec. Pas moyen de se débarrasser de cette boule au ventre qui le tenaille. Rien n’y fait. Il sent des mauvaises ondes en trop grand nombre. Il sent les forces de Dark Speculator grandir et ses armées gronder dans les entrailles boueuses des terres du fief du Baron Wendelium.

Il a raison car la tourbe froide du côté d’Argentocrate et de Devisesdurum va bientôt lâcher sa fureur. Vont-ils pouvoir y résister ?

Pendant la nuit, qu’il aura fort agitée, Constitutionnix connaîtra toutefois un court moment de bonheur. Dans un bref rêve, Belle France vient lui déposer un doux baiser sur le front, en lui disant que seul le voyage compte, de faire ce pour quoi nous somme faits et qu’il ne doit pas s’inquiéter pour le reste. Cette douce apparition calme un peu son sommeil turbulent, mais malheureusement ce n’est que trop peu. Ses entrailles se tordent et le brûlent. Il n’est pas le seul.

Pendant cette nuit, Staracademix fait lui aussi trois rêves étranges.

Il rêve d’abord d’un plateau parsemé de monticules de pierres, des gros et des petits. Des gens vont et viennent prenant des pierres dans les petits monticules pour les placer sur les gros tas de pierres.

Il rêve ensuite d’une plaine parsemée de tertres aux reflets dorés. Ces tertres se transforment en tas de fumiers nauséabonds et purulents où se mettent à pousser subitement de magnifiques fleurs.

Il rêve enfin d’une vaste prairie ensemencée de blé. De superbes gerbes en sortent et grandissent jusqu’à ce qu’une nuée de criquets s’abattent dessus. Alors qu’ils ravagent les champs de blé, de grands et majestueux corbeaux blancs fondent sur les criquets et les dévorèrent tous.

Staracademix se réveillera en sursaut à la fin du troisième rêve pour ne plus fermer œil de la nuit tant il cherchera une explication à ses songes.

La nuit se passe ainsi. Au matin, le Soleil réussit péniblement à déchirer les coutures de l’horizon. Accompagnant du regard ce geste solaire, Constitutionnix sent se rependre, de derrière le rideau nocturne, des vibrations maléfiques. Des vibrations qu’il reconnaît très vite. « Non, pas elle ! » s’écrie-t-il.

BadBercix le Grix, sûr de lui et sans même attendre la bataille, vient de sortir de sa Manche, nom que porte son chaudron magique, un joker supplémentaire. À l’évidence, il s’est allié avec la très vilaine sorcière aux tâches de roussi sur la figure. Il s’est allié avec Thatcheria la Vilaine, fille de Mordred le Grizoux, le mauvais esprit de la Tourbe des brumes.

Constitutionnix comprend maintenant le malaise de la nuit passée. Son corps avait voulu le prévenir de cette redoutable présence. C’est que Tatcheria la Vilaine a déjà de grands passifs à son actif. Elle a semé la calamité dans les terres de brume. Telle une vulgaire sauterelle, Tatcheria la Vilaine a ravagé les pommiers du joli jardin de la princesse Avalon.

Contitutionnix voit la scène comme s’il y était. Thatcheria la Vilaine s’approche de BadBercix en psalmodiant de sa voix de vieille sorcière, les yeux exorbités, sa vieille rengaine « brisez-les, cassez-les ! Cassez-les, brisez-les ! Et laissez-les pourrir sur la grève ! »

Au même moment, à quelques lieues du village, dans une morne plaine jusque là joyeuse, retentit le son du cor de Monseigneur le Bossu du Poitou, ce qui alarme les vigies de notre bon village.

Des armées pleines de hargne, chauves et droites dans leurs bottes sortent du fort « Fondepensium » et s’avancent en ordre de bataille. Aux premiers postes se dressent leurs étendards. Deux d’entre eux impressionnent plus particulièrement nos amis, partis en reconnaissance avec les vigies du village.

Celui de Monseigneur le Bossu « d’azur bretessé au Blinky de gueules » (bleu maison, crénelé sur les bords, décoré d’un vilain fantôme-pacman rouge).

Celui du Baron Wendelium stupéfie Constitutionnix. A l’évidence, le Baron a réussi son pari. Aux premiers postes s’élève en effet l’étendard « de gueules à trois marteaux d’or » (trois marteaux d’or sur fond rouge). Ni plus, ni moins que l’étendard maléfique fabriqué par les filles des forges. Un fléau d’armes horrifique qui ne demandait qu’à être réveillé et qui demande maintenant à boire du sang vigoureux et pas trop cholestérolique de travailleur.

L’étendard maléfique, Thatcheria, Televisium occupé, cela fait décidemment beaucoup trop. Par-dessus tout ça, le village qui se trouve désormais cerné, isolé, et Constitutionnix qui n’a plus tous les ingrédients nécessaires pour préparer la potion magique. Une catastrophe. Sans oublier que ses pouvoirs magiques sont encore bien trop diminués pour tenter quelque chose. Il culpabilise...

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