jeudi 4 septembre 2008

CHAPITRE 4 « LES FILS DE LLOEGR » (5/5)


Alors que Monseigneur saisit la lance volante de Thatcheria sous le regard circonspect de Démagogix, un puissant grondement retentit tel le tonnerre.

Locomotrix vient de faire sonner son cor magique, appelant tous les glorieux combattants du village Intérêt Général à rejoindre l’étendard et à se préparer au combat.

Les portes du village s’ouvrent alors, déversant dans la lande ses fiers habitants qui n’attendaient que le signal pour sortir. La récente attaque menée par le bossu avait en effet déjà sonné le tocsin. À cette occasion Staracademix avait proposé ses services, tenté de chanter « motivés, motivés », mais on lui avait dit que c’était inutile. Nul besoin de motivation supplémentaire. Car il est tout bonnement hors de question de subir, de se laisser insulter ou présenter comme des profiteurs par les serviteurs des Dark Speculator. Le son du cor est donc le signal de la contre-attaque.

Une grande partie du village accourt. Les chevaux les plus rapides portent les amis de Profsousprosax ; les cygnes les plus majestueux transportent Blousedhermine et ses amies ; les cerfs les plus puissants emmènent Métalurgix et ses camarades ; les rennes les plus vigoureux galopent guidant le peuple solidaire. Didactix et Syndicaline, le front brillant, courent devant tout ce monde. Ils courent si vite que leurs pas ne foulent ni les pierres, ni l’herbe, ni les fleurs. Deux nuées d'abeilles portent leurs foulées. Parmi les délégués du village, seul manque Démocratix le chef. Encore une fois personne ne sait où il s’est retiré pour réfléchir aux problèmes qui secouent Intérêt Général.

De leur côté, Girondix le bossu et son seigneur Démagogix, ressentent au loin la sourde rumeur qui se lève. Ils s’interrogent. Directeurdecabinex est immédiatement envoyé en mission de reconnaissance. Son destrier est rapide. Aussi l’attente est brève. Directeurdecabinex revient vers Girondix et Démagogix aussi angoissé que bouleversé. Pressé, Girondix lui demande ce qu’il a vu. Ses paroles semblent incohérentes.

« Mes oreilles ont ouï un grondement terrible comme si mille montagnes s’éventraient pour lâcher leur colère. J’ai cru voir une brume envahir l’horizon et cracher des flocons de neige comme si mille glaciers voulaient tout recouvrir d’un manteau de glace. Quand la brume se fit proche, j’y ai vu des milliers de lueurs briller comme s’il s’agissait des astres de la nuit ».

Le messager cesse son récit, les yeux hagards. Le visage de Démagogix, quant à lui, se ferme. Girondix remarquant le voile qui tombe, demande à son maître ce que ce récit signifie. Démagogix, courbé sur sa chaise installée au sommet du promontoire, lui répond que « La brume est la poussière que les habitants du village en marche soulèvent sur leurs pas. Les flocons de neige sont la blanche écume que bavent leurs chevaux. Ce qui brille, semblable aux astres de la nuit, c’est la flamme de leurs yeux ardents. »

Histoire de se donner une contenance, Girondix se permet alors un « peu m’importe leur poussière et leur flamme, ils en mangeront en entrée, plat, désert. Quant aux flammes, nous les éteindrons de nos crachats ».

Démagogix, cinglant lui rétorque « Imbécile, l’imprudence est la mère des défaites. Voyons plutôt comment empêcher l’incendie porté par cette rumeur de s’approcher ».

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