dimanche 21 décembre 2008

CHAPITRE 1 LE RAPT (3/4)



Revenus au cœur de Lutetia et une fois arrivés rue de la Couronne en fuite, nos camarades découvrent qu’un donjon très bien gardé jouxte le palais qu’occupe Girondix. « Notre druide doit être là-dedans. Toutefois comment va-t-on faire pour le délivrer ? » Se demandaient-ils.

Le Vieux Pigeon de la Sorbonne, qui les accompagne toujours, se propose de rechercher Constitutionnix, de le prévenir que ses amis sont là et de revenir avec des informations. Après s’être glissé par une fenêtre entrouverte, avoir descendu d’interminables escaliers et s’être battu contre les rats des couloirs de la crypte du donjon, notre Vieux Pigeon finit par trouver Constitutionnix. Un Constitutionnix très affaibli mais au combien heureux de savoir que ses amis sont là.

Après les bavardages introductifs habituels, Constitutionnix indique au Vieux Pigeon qu’il serait bon que ses amis interviennent cette nuit même car il s’agit d’une nuit sans lune pendant laquelle il pourra tenter de les aider. C’est avec un grand soulagement et une très grande joie que nos amis reçoivent toutes ses informations.

La nuit venue, ils s’aperçoivent en effet, que la Lune est éteinte et qu’un brouillard druidique, compact et glacial se repend. Les dieux sont avec eux. Les dieux ont entendu l’appel du bon druide.

Les gardes au sang reptilien ne résistent pas longtemps au sang-froid des éléments. La plupart d’entre eux rentre aux abris. Les plus résistants restent pour maintenir un service de garde minimum.

Alors qu’ils réfléchissent à comment neutraliser les derniers vigiles, Didactix se rend compte qu’il est assis sur une caisse, tombée visiblement d’un camion militaire, estampillée «Achtung, Munitionum ». Il l’ouvre et découvre qu ‘elle contient des études d’opinion.

Didactix a une idée suivie d’un long moment d’hésitation. Tout écrit se doit d’être respecté et ne pas servir d’arme de jet. En réfléchissant il se souvient cependant d’une vieille jurisprudence : «Considérant qu’un prospectus publicitaire reste un prospectus, même s’il prend des formes livresques, vu qu’il n’est pas œuvre de savoir. Considérant que tout prospectus publicitaire a la poubelle pour destination finale; toute réclame qui peut être jetée peut donc servir d’arme de jet. » (Cours de Cass. morale, n°146-952 ; ifopipeau contre bibliothèque de quartier )

« Alors, t’as fini ou quoi ? Que fait-on ? Noms des dieux ! » Se permet une Syndicaline gelée après une heure d’attente silencieuse dans le brouillard glacial. « Je déteste quand tu rentres dans tes interminables catalepsies socratiques, pendant lesquelles il ne faut surtout pas te réveiller ». Didactix, lui sourit et lui dit qu’ils vont pouvoir passer à l’attaque. Pendant que Syndicaline montera à l’assaut de la forteresse, Didactix se servira du poids des mots pour le choc des paupières.

« Je vois que me revient encore le privilège de me jeter dans la gueule du loup » maugrée Syndicaline.

« Que veux-tu, t’es la seule d’entre nous à avoir été trotskiste dans ta jeunesse. Il faut bien que les techniques d’entrisme et d’infiltration que tu y as appris, servent au moins à quelque chose de concret » lui répond un Didactix goguenard.

« Mouais, quelque chose me dit que je paierai toute ma vie cette stupide erreur de jeunesse » conclu Syndicaline.

Et il en va ainsi. Didactix, en couverture, assomme à coup de pavés sondagiés tout garde qui se montre. Quant à Syndicaline, elle se glisse, s’immisce, se faufile, jusqu’à la crypte des cachots, tantôt jouant le personnel de maison, tantôt la conseillère technique, tantôt la secrétaire particulière. Tout un art que celui du camouflage trotskiste.

Une crypte où elle découvre une odeur familière. « mais ça empeste le flan, ici ». Effectivement, dans la crypte de Communicatium, dégouline de partout une sorte de gélatine à la forte odeur de flan. N’y résistant pas, elle se risque à goûter la gélatine en question. « Il n’y pas de doute, c’est du flan. Tout ici est à base de flan, les murs, le sol, le plafond ». C’est dans cet environnement étrange qu’elle ne tarde pas à découvrir la geôle de Constitutionnix, qui la guidait télépathiquement par voie d’ondes courtes.

« Il n’y a pas un instant à perdre, mes pouvoirs s’amenuisent de minute en minute. Il me faut tenter de geler tout ce flan avec ce qu’il me reste de fluide magique pour que tu puisses essayer de briser la porte ».

« Surtout pas, cher Constitutionnix. Le flan ne gèle que très difficilement grâce à ses particularités moléculaires. Qui plus est, toute la structure risquerait de s’affaisser sur nous. Laisse-moi faire, mon bon druide. Tu as devant toi une championne universitaire de gobage de flanby. grâce à ma technique spéciale du escaping-flanby, en gobant aux bons endroits, sans toucher aux flanbys angulaires comme de voûte, je devrais pouvoir gober ce qu’il faut pour qu’on puisse te sortir de là ». Gobage que Syndicaline accompli magistralement.

Après avoir aidé le druide à s’extirper par le passage créé par voie de gobage, elle retrouve Constitutionnix encore plus épuisé que ne l’avait trouvé le Vieux Pigeon. Ses derniers efforts l’ayant totalement vidé. « Tiens bon Constitutionnix. Tiens bon, j’ai besoin de toi pour m’aider à libérer les autres Druides et pour nous faire sortir d’ici avec les quelques grammes de poudre d’escampette que j’ai ramenée avec moi ».

« Ne t’inquiète pas mon enfant, libéré de l’emprise du flan qui absorbait ce qui me restait de pouvoirs, je vais pouvoir nous fagoter au moins deux trois sorts de dissimulation. Pour les autres Druides, nous ne les trouverons plus ici ».

Syndicaline et Constitutionnix retrouvent le Vieux Pigeon ainsi que Didactix à l’extérieur. Ce dernier est surpris de ne pas les voir accompagnés de tous les autres Grands-Druides. « Je vous expliquerai tout ça, une fois au village. Rentrons vite, de grands dangers nous menacent. »

Après avoir dit ça, le vieux Druide n’a que le temps de s’asseoir dans le Taxi, hélé par Didactix, avant de s’enfoncer dans un profond sommeil. Le Taxi prend la direction de la Gare du Mont Parnax. Par chance ils n’attendront pas longtemps le premier train du matin. Arrivés au Village, Constitutionnix dort toujours. On le porte chez lui où il dormira 48 heures d’affilées. 48 heures pendant lesquelles nos héros veillent sur lui. Staracademix se proposant même de composer une chanson aux pouvoirs guérisseurs. On lui explique gentiment que ce n’est pas le moment pour les conneries.

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